Philippe Blondeau (éd.)
Parution :Juin 2010
ISBN :978-2-84832-116-5
Dimensions :16x24 cm, 240 pages
Prix :20 €
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Pierre et Ilse Garnier : la poésie au carrefour des langues
Entre la Picardie et l’Allemagne il y a l’œuvre de Pierre et Ilse Garnier, un couple de poètes qui habitent Saisseval, un village à l’ouest d’Amiens. Loin des drames de l’histoire, dont ils gardent malgré tout des échos, le français et l’allemand résonnent heureusement dans cette œuvre commune, dont la remarquable unité se construit dans la pluralité des langues. Né en 1928 à Amiens, Pierre Garnier est étudiant en Allemagne après la guerre. Il y écrit ses premiers poèmes. En 1950, c’est une étudiante allemande qu’il retrouve à Paris et avec qui il partagera désormais sa vie et son œuvre, laquelle doit beaucoup à cette double rencontre.
Hasard ou revanche de l’Histoire, c’est donc au carrefour tragique où se sont affrontées les civilisations française et allemande que naît la poésie la plus internationale, la poésie spatiale qui, dans les années soixante, sous l’impulsion de Pierre Garnier, s’attache à inventer une nouvelle langue poétique.
Le présent recueil s’ouvre sur la question de la « langue maternelle », à laquelle fait écho la question du temps. Depuis la langue picarde des racines jusqu’à la langue polyphonique des multiples rencontres, on suivra le parcours cohérent d’une poésie qui construit peu à peu son unité ; d’abord à travers la rencontre de la langue allemande – langue autre et langue de l’autre, car les œuvres de Pierre et Ilse Garnier ont ceci de particulier qu’elles sont à la fois deux œuvres distinctes et une œuvre commune – puis à travers la découverte des potentialités de l’espace et de la matière linguistique, enfin à travers le rêve d’une langue poétique universelle qui engloberait la totalité du temps et des pans entiers de l’Histoire.
L’idée de carrefour prend donc ici tout son sens. La poésie spatiale n’est pas un laboratoire fermé, mais un espace ouvert où les échos des langues se croisent ou se mêlent : plus qu’une langue de l’espace, la poésie spatiale nous révèle l’espace de la langue.