Prenant appui sur une formule d’Emmanuel Hocquard, on pourrait dire que, dans la lignée de nombreux Modernes (de l’auteur des Petits Poèmes en prose à Beurard-Valdoye, en passant par le Rimbaud d’Une saison en enfer, Faulkner, Koltès ou Prigent) – et cela sans prétendre établir aucun rapport de stricte équivalence –, les fictions de Bernard Desportes ne ressortissent ni à la prose ni à la poésie, elles sont autrement (autopoéfictions).
Sont encore autrement ses écritiques, qui, se ressourçant à l’inactuelle critique « partiale, passionnée, politique » que préconisait Baudelaire, détonent pour mieux détonner dans l’actuel PLF (Paysage littéraire français).
Aussi convient-il d’appréhender Bernard Desportes autrement. Autrement que par une critique simplement et exclusivement journalistique ou académique. On s’interrogera ici sur la fréquente réduction du modernisme à l’avant-gardisme : pour n’être pas étiqueté « avant-gardiste », doit-on forcément être exclu de toute modernité ?