Rendre Saint-Simon au XVIIIe siècle, montrer que le mémorialiste, enraciné dans l’historiographie du Grand Siècle, vit à l’heure des Lumières : tel est le premier but de ce volume. La langue même permet de l’intégrer à l’aventure de son siècle, comme le prouve, dans un deuxième temps, une analyse des « discours rapportés » à travers les récits les plus divers. Une approche stylistique et générique permet de comprendre comment l’histoire peut devenir la matrice de fictions, et comment la forme de l’éloquence ducale peut se mesurer à celle des romanciers de son époque, au privilège de champs communs, d’usages partagés, en un mot d’une poétique qui emprunterait à la fois à la narration historique et à la fiction narrative. C’est ainsi une esthétique de la parole qui se devine et se dessine dans la profusion du XVIIIe siècle.