L’ouvrage intitulé La disparition de Sorel, écrit par Pierre Lepape en 2005 et publié aux éditions Grasset en 2006, est dans l'œuvre de Lepape un livre essentiel. Il advient après la publication de quatre ouvrages, trois biographies (Diderot, Voltaire et Gide), tendant à mettre en valeur les liens entre les intellectuels, la littérature et le pouvoir, et d'une somme Le Pays de la littérature qui prolonge, amplifie et affine cette approche en insistant sur les rapports étroits entre la langue, la littérature et le pouvoir.
Charles Sorel, homme libre, écrivain né au tout début du XVIIe siècle, mort en 1674, connut un immense succès avec l'Histoire comique de Francion publiée dans sa jeunesse, en ce temps de liberté de la pensée que le classicisme et l'absolutisme royal viendraient très vite entraver. Plutôt que de se soumettre aux nouvelles lois de la littérature, Sorel a préféré à chaque édition de Francion mutiler son texte, jusqu'à le faire disparaître et se faire disparaître lui-même. S'enfoncer dans l'ombre et le silence.