La Révolution française et les secousses qu’elle a durablement engendrées en Europe ont souligné de manière inédite l’influence du Verbe sur la politisation collective.
Selon quelles modalités le bouillonnement rhétorique de la Révolution a-t-il été assimilé, mis à distance et pour partie réinventé en Europe occidentale dans le demi-siècle qui a suivi ? Quelle a été l’incidence de cette rhétorique fondatrice dans la politisation d’individus de toutes conditions sociales ?
Du monde anglo-saxon aux confins méridionaux de l’Europe en passant par le territoire flamand, la rhétorique de 1789 a fait l’objet d’adaptations profondes, quand elle n’était pas franchement rejetée. En France même, loin d’une diffusion de valeurs républicaines directement issue du Verbe révolutionnaire, les analyses présentées ici suggèrent toute la complexité des entrelacements argumentatifs dans la maturation progressive d’un modèle politique national jusqu’en 1848.