Les scandales de l’art moderne prouvaient que celui-ci alimentait secrètement le registre du sens, lié à la symbolisation de l’ordre social. Mais aujourd’hui, la société a définitivement abandonné l’idée de l’art comme langage universel, et, pour ne plus craindre les troubles causés par des œuvres ou des artistes, elle a confié à l’industrie culturelle le soin de mettre la main sur les symboles et d’en distiller cyniquement les bouleversements. Le présent ouvrage tâche de relever le défi de repenser le scandale dans ce nouveau contexte. La crédibilité de la presse à porter les expressions spontanées des sentiments populaires étant définitivement compromise, le scandale semble se réfugier dans des formes moins spectaculaires et plus attentives au travail du sens, et à ses crises latentes. Défier la décence propose l’étude de diverses situations contribuant notamment aux mouvements actuels de l’art (œuvres, spectacles, concerts, mais aussi manifestes, modes de vie et de comportements, controverses juridiques, inspirations scientifiques, etc.), comme catalyseurs ou révélateurs des crises, indissociablement artistiques et politiques, parfois sans le moindre écho dans les mass-media.
Cet ouvrage a été publié grâce au concours de l'unité de recherche "Arts : pratiques et poétiques" (EA3208) de l'Université Rennes 2.