L'Arche de Noé (n°15)

Dans l’Ancien Testament, le récit du Déluge appartient aux origines de l’humanité et se lit dans les premiers chapitres de la Genèse (Gn 6,5-8,22). On sait que l’histoire de sa rédaction est complexe et relève d’une tradition littéraire patiemment enchevêtrée. Mais c’est moins le Déluge en tant que catastrophe cosmique, moins Noé « saint patron de toutes les inondations » (pour reprendre la plaisante expression de Michel Tournier) que l’arche elle-même qui fait l’objet de ce numéro 15 de Graphè. Sous la dictée divine qui en indique les matériaux, la forme et les mesures, « l’homme juste parmi ses contemporains » construit un bateau à l’aspect parallélépipédique. Dans ce vaste projet de construction, Dieu se fait architecte et dicte à Noé le contenant et le contenu de l’arche, véritable microcosme sur lequel il referme la porte d’un geste protecteur.

L’arche de Noé, à travers les traductions grecque, latine et française, fait aussi écho à l’arche d’Alliance. Le champ des relectures s’ouvre ainsi à l’intertextualité et rebondit sur les interprétations typologiques à l’époque chrétienne. Autant d’aspects qu’aborde ce volume, de Philon d’Alexandrie au poète contemporain Jean-Pierre Lemaire, de Grégoire d’Elvire dans son commentaire patristique au roman de Yann Martel, Histoire de Pi, typique de la post-modernité, de Cyrano de Bergerac et Athanasius Kircher à Nelly Sachs et Patrice de la Tour du Pin, avec un arrêt sur le vitrail de Noé dans la cathédrale de Chartres et sur la littérature de jeunesse contemporaine.